Du sommet du Pico Areeiro, on voit le petit trottoir de pierre suivre la crête. L’assise du sentier est bonne, du moins au début. Il est bien sécurisé par des rampes et des cordes de sécurité. Toutefois, il est un des plus difficiles de Madère.
Prenez conscience des avertissements avant le départ: tunnels, abîme, sol glissant et vertige.
Notre objectif est d’atteindre l’endroit où nous avons fait demi-tour lors de notre première randonnée. Ce matin, notre excursion en bateau a été plus longue que prévue. Il est maintenant presque 15:00. Pourrons-nous y arriver et surtout revenir avant le coucher du soleil?
Madère, comme le Portugal continental, adopte en hiver le fuseau horaire UTC+0, aussi appelé l’Heure d'Europe de l’Ouest. L'île est quand même à près de 17 degrés à l’ouest de ce méridien de référence « 0 ». Pour cette raison (si mes calculs sont exacts), le soleil vrai retarde de 1 heure et 8 minutes sur le midi de nos montres. Un autre phénomène affecte également la course du soleil: l’orbite de la terre n’est pas circulaire. Il y a, au cours de l’année, un décalage positif ou négatif du temps solaire moyen et du temps solaire vrai. C’est ce qu’on appelle l'équation du temps. Le retard du soleil est maximum le 12 février. À Madère, le 20 février, le midi vrai est à 13:21. Mes quelques calculs (et mon intuition) me suggèrent que le décalage dû à l’équation du temps produit un retard supplémentaire du midi solaire de 13 minutes.
Ces deux phénomènes combinés font que ce 20 février, à Madère, le soleil se lève tard (7:45) et se couche également tard (18:56).
On peut voir ça d’une autre façon. Au lieu d’entreprendre notre randonnée à 15:00, c’est comme si on partait à 13:39.
Si on continue de même, c’est vrai qu’il va faire noir avant qu’on parte!
La première partie du parcours est époustouflante.

Des nuages se forment sur l’abîme. Le vide nous aspire et la pointe de Sao Lourenço nous en donne toute l’immensité.
La crête se resserre. C'est un éperon rocheux, une passerelle. On tient le fil.
Au-delà de la crête, le sentier bifurque sur une paroi vers le Pico Das Torres qu’il contourne par l’ouest. Les marches deviennent deux fois plus hautes que profondes. Ce n’est pas seulement le panorama qui fait que notre coeur fait « Boum! Boum! ».
Aux endroits où il devient impossible d’aménager le sentier à flanc de falaise, on creuse.
Le ciel se couvre progressivement. Les nuages inondent bientôt les vallées et enveloppent les rochers. Le vent se lève. Va-t-il pleuvoir? Notre but est presqu’atteint mais il faut rebrousser chemin. Si la température et l’état de la piste nous retarde quelque peu, le retour se fera dans la pénombre, peut-être même à la noirceur.
Voici la trace enregistrée par le GPS, ce 20 février.

Sur la carte suivante, le nord a été repositionné en haut. On peut y voir, au nord, la trace du 2 février (Pico Ruivo) et au sud, la trace courante.

Il ne restait plus que 500 mètres à marcher avant de rejoindre notre parcours du 2 février...