La photo, c’est comme la cuisine. Il faut choisir de bons ingrédients pour réussir.
Retournons voir Georges avant qu’il ne disparaisse sous la neige…
Je l’ai photographié avec mon téléphone (Samsung Galaxy S8)
Comme nous l’avons vu dans la chronique précédente, ça donne une belle photo pleine de couleurs, un peu « punchée ».
Regardez toutefois la suivante.
Elle a été enregistrée dans le téléphone en même temps que celle du haut.
Et elle est différente.
En effet les meilleurs téléphones intelligents actuels enregistrent le même « clic » en deux formats:
-Le format compressé « .jpg » qui est universellement reconnu (la photo du haut). C’est celle qui apparaît et que vous partagez.
-Le format brut ou « RAW » qui contient tous les détails enregistrés par le capteur de l’appareil photo (la photo du bas a été obtenue à partir de ce fichier). Cette photo est disponible dans un des dossiers de votre téléphone.
Mais pourquoi utilise-t-on le fichier compressé « .jpg » et non le fichier brut plus détaillé?
La première réponse est simple: le fichier compressé a une taille de 5 Mo et le fichier brut de 24 Mo.
Deuxièmement, avant d’être compressée en « .jpg », l’image subit des modifications pour l’améliorer: rendre les couleurs plus éclatantes, augmenter les contrastes (surtout à la jonction des plages claires et sombres), etc, etc, la liste est longue... Le résultat est généralement bon, souvent éclatant, rehaussé. Pour les photos de voyage par exemple, c’est parfait. C’est plus beau que la réalité! L’eau et le ciel sont d’un bleu profond, la forêt est verte, les détails sont améliorés. Pour les portraits (nous l’avons vu), c’est autre chose.
Comparez l’agrandissement de la figure de Georges en « .jpg » avec celui obtenu à partir du fichier brut (plus bas):
Ça commence à ressembler à ce qu’on obtient avec un bon appareil photo.
Êtes-vous prêts à faire de la cuisine maintenant?
La plupart des appareils photo et téléphones intelligents offrent donc la possibilité de sauvegarder les images brutes « RAW » avant que celles-ci soient transformées et compressées « .jpg ».
Une image brute ou « RAW », c’est comme choisir des fruits et des légumes frais, des ingrédients non transformés pour concocter un bon petit plat.
Une image compressée « .jpg », c’est comme utiliser des conserves et des préparations toutes prêtes pour cuisiner.
Dans un appareil de gamme moyenne, la surface qui capte la lumière et qui numérise l’image a environ 16 millions de petits récepteurs qu’on appelle pixels. Chaque pixel, qu’il soit dédié à capter le bleu, le rouge ou le vert, peut enregistrer 65536 nuances de cette couleur. La compression de l’image par l’appareil photo, ce qui peut se comparer au développement de la photo à partir des anciennes pellicules, réduit l’information de chaque pixel à 256 nuances. La compression en « .jpg », sans entrer dans les détails, élimine également d’autres informations jugées non essentielles. En plus, elle ajoute des éléments (contrastes des contours, couleurs) qui « embellissent » la photographie, comme on l’a vu sur Georges.
En conclusion, pour revenir à notre analogie, le fichier « .jpg » , c’est du « fast food ».

Ça ne se termine pas là. Si on veut retoucher une photographie compressée « .jpg » la situation va continuer à se détériorer. La compression ayant laissé moins d’informations dans l’image, certains détails ont été partiellement effacés. Si la photo est trop claire, trop sombre, si on doit rebalancer les couleurs, ajuster le contraste, nos chances de rétablir la situation et d’obtenir une belle photo sont réduites. Lorsque l’appareil photo a produit l’image compressée « .jpg » , il a aussi ajouté à la photo des caractéristiques qu’il sera maintenant difficile à éliminer (par exemple, l’accentuation des contrastes entre les plages claires et sombres). Et, dernier inconvénient, une fois qu’on a effectué la modification et sauvegardé la nouvelle image, on ne peut plus revenir en arrière. On s’est éloigné encore plus du fichier d’origine. Ça risque de goûter à du « fast food » réchauffé.
Les avantages à utiliser le fichier compressé par l'appareil sont les mêmes que pour le « fast food »: c’est pratique, c’est rapide puis c’est pas cher (les fichiers prennent moins d’espace sur la carte mémoire et peuvent être tranférés rapidement sur votre ordinateur ou sur le « cloud »).
Je vous suggère ceci: choisissez dans le menu de votre appareil photo (rubrique qualité de l’image), l’enregistrement des photos en « .jpg + RAW ». Si l’image obtenue en « jpeg » ne vous satisfait pas, vous pourrez toujours la corriger à partir du fichier « RAW ».
Si cela vous intéresse, je vous propose de lire la chronique suivante: « Avec les bons outils ». Vous y apprendrez comment faire le développement de vos photos « RAW » pour sortir l'image telle que vous la voulez, comme j’ai fait avec Georges.
À l’aide de votre ordinateur et de logiciels de traitement de l'image, vous choisirez vous-même tous les paramètres qui vous intéressent: cadrage, exposition, contraste, balance des blancs, zones d’ombre et de lumière, dynamique (étendue des blancs et des noirs), etc… Vous évaluerez l’effet de chaque paramètre indépendamment des autres et pouvez faire VOS choix. Un peu plus de sel? Si j’ajoutais du basilic? Et si on a mis trop de ceci ou cela, au lieu de tout jeter le plat à la poubelle, on réinitialise, on retrouve le fichier intact et on recommence.
L’étape finale du développement est de convertir le fichier « RAW » en « jpeg », plus léger et universellement lisible. C’est le format standard. On peut dire que c’est l’étape de la cuisson, à la différence que les ingrédients de base (le fameux fichier « RAW ») sont conservés.
Sortez vos plats, ustensiles, râpes, vous allez popoter.
Bon appétit!