
« Le véritable voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais d’avoir de nouveaux yeux. »
Marcel Proust
31 juillet et 1ier août 2015
Un grand chêne blanc culmine, immense, aux branches crochues comme si chacune voulait avoir la chance de tendre la main au soleil. Sur cette vaste terrasse, au bord de la rivière Hudson, d'autres habitants veillent, certains depuis plus de cent ans: érables, frênes, pins... Un Ginkgo! Ah! Ces Franciscains! Ils ont rapporté des souvenirs des autres continents? Tiens, un bosquet de bambous et aussi plein d'arbrisseaux étranges. Deux éperviers zigzaguent aux travers des arbres. On dirait un escadron en chasse. Quant à la famille de dindons sauvages, ce petit jeu ne semble pas les impressionner beaucoup…
Le soleil se couche, les cigales se taisent. Puis les rainettes prennent la relève et lancent un défi à leurs cousines à six pattes avec leurs puissantes vocalises. Les sons stridents emplissent l'espace. Elles sont partout, jusqu'au faîte des arbres. Si elles étaient lumineuses ce serait Noël! C'est la pleine lune, la deuxième du mois, la "Blue Moon". On attendra jusqu'en janvier 2018 avant que ça ne se reproduise.
Quelle chance, en cette fin de semaine unique, de participer à une retraite au Garrison Institute. Celui-ci perpétue à sa façon ce que les Franciscains ont entrepris il y a presque cent ans.
Merci la Vie! Merci à ceux qui lui donnent du sens!
Le voyageur part pour son périple en sachant que le but, la terre promise, est simplement ce sur quoi son coeur portera son regard.
Chers Amis, Merci de m'y accompagner.
2 et 3 août
Interstate 84 west.
Interstate 81 south.
Interstate 80 west.
Le trafic de ce chaud dimanche ensoleillé s'étiole, les ombres de la dense forêt apparaissent aux fond des vallées et puis, au sommet des quelques restants de buttes appalachiennes, tout baigne dans une éclatante lumière dorée. La route miroite, on la devine. Je crois que nous sommes bien dans la bonne direction…
Go West!
Le lendemain, cette I 80 West devient de plus en plus droite. Le pays devient presque plat. Notre journée passe par centaines de kilomètres et puis, le globe terrestre nous fait cadeau d'une heure de plus, juste au moment où nous approchons de cette "Big Big City" qui sera notre hôte pour les prochains jours!
4 août
À Chicago, les enfants glissent sur un Picasso!
21 août
Quelle est ce voile qui nous cache les grandes montagnes du Wyoming et du Montana? La vapeur des geysers et des nombreuses sources d’eau bouillante? L’odeur sulfureuse est omniprésente mais il y a aussi autre chose…

Le vent de l’ouest nous chuchote la tragédie qui court dans les forêts voisines. Le feu! Des dizaines de foyers d’incendie se propagent. Plusieurs sont incontrôlables.
Nous devrons « slalomer » pour atteindre Glacier Park ou changer notre itinéraire. Bordons vers le sud et profitons donc des hasards!
22 août
De l’autre côté du lac Jackson, à peine à 5 kilomètres, on distingue à peine les « Grand Teton ». Les feux sont maintenant juste à l’ouest, en Idaho.
Go South!
Go East!
2 septembre
Nous marchons en silence, pas à pas. La vie nous livre d'immortelles images…
8 septembre
Nos étapes sont de plus en plus courtes, nous prenons notre temps, nous nous incrustons dans une nature splendide et toujours changeante.
13 septembre
Le Colorado est grand et haut.
Les pierres du Colorado comptent les années en millions: canyons, montagnes et dunes de sable.
Les hommes du Colorado comptent les années en centaines: ruée vers l’or et stations de ski.
Le fleuve Colorado indique aux voyageurs comment atteindre l’océan. Du creux de quelques vallons, en haute altitude, des sources avaient déjà trouvé le chemin. Elles alimentent le grand fleuve qui parcourt plus de 2000 kms pour nourrir les terres et abreuver les hommes. Les quelques larmes qui restent atteignent le Pacifique. C’est par la force de ces quelques sources que le Grand Canyon s’est creusé!
14 septembre
C’est impressionnant, en seulement une centaine de kilomètres, de passer de la haute montagne à la plaine. Nous avons fait halte pour la nuit au Nebraska. Seuls le chant des grillons et des grenouilles et au loin le bruit du train. Bien au centre des «States», dans une mer de tiges de maïs.
Tout au long de notre parcours, nous avons observé les us et coutumes de nos voisins du sud et voici deux anecdotes:
Utah:
À quelque part au sud de Salt Lake City, on est en plein pays mormon. On y voit les signes évidents de leur colonisation, les petits villages avec l’église caractéristique et la vie rurale en apparence simple. C’est la colonisation de l’Utah du début du vingtième siècle. Peut-on faire un parallèle avec celle du Québec? Certes. Un élan religieux pour stimuler la culture de la terre et aussi pour peupler le pays. Mais, les mormons, plus futés que les catholiques, se sont donné un levier de développement supplémentaire, tout à fait prometteur: la polygamie! Le réputé Mormon, fondateur de la ville de Salt Lake City, eût 27 femmes! Si on avait eu ce petit coup de «pouce» au Québec, imaginez la revanche des berceaux! On aurait probablement annexé le reste du Canada!
Quoi qu’il en soit, ils s’amusent ces descendants de Mormons. Sur le chemin d’un petit lac, au soleil couchant, un «Pick-up» revient de la plage. Il fait encore chaud. Au travers du nuage de poussière, on distingue dans la remorque deux «SeaDoo», identiques, côte-à-côte et sur chacun d’eux, deux enfants, l’un tenant le guidon et l’autre tenant la taille du pilote!
On n’arrête pas d’avoir du «fun» en Utah!
Wyoming:
J’ai aussi fait quelques observations «savoureuses» de par ces contrées, portant sur son territoire les si extraordinaires parcs de Yellowstone et Grand Teton. Nous étions sur un petit camping de la Bighorn National Forest, le genre où on choisit son site puis on laisse l’argent dans la boîte de perception. Sur le site à côté de nous, une petite famille «immatriculée» du Wyoming a monté son campement. Je vous rappelle que c’est un camping de la National Forest... Le papa sort une «chain saw» de la boîte de son «pick-up», rentre dans le bois et se taille une corde qu’il pile à côté de son campement!!! Croyez-moi, y en avait pour faire griller une tonne de guimauves!
On est dans le pays de la liberté, quoi!
Iowa:
Certaines rumeurs racontent que l’état le plus moche des États-Unis serait l’Iowa. Comme il se trouve sur le chemin le plus court entre Denver et Québec, nous allons nous y attarder pour en savoir un peu plus. Nous allons réduire la vitesse de notre chariot et tenir l’oeil bien ouvert. Nous allons même mettre à l’épreuve vos connaissances et, nous l’espérons, stimuler votre intérêt pour fouiller l’histoire et la géographie du 30ème état le plus populeux des États Unis d'Amérique.
Il y aura des prix à gagner!!!
14 septembre, en fin de journée
Welcome to Iowa!
Par une suite de collines plantées de maïs et d’éoliennes, nous arrivons à Des Moines, la capitale.
17 septembre
En quittant l’Iowa, nous franchirons le grand fleuve Mississippi. Son cours tranquille parcourt des basses terres cultivées de maïs ou des collines recouvertes d’une forêt dense, haute, composée d’érables, de chênes et de bien d’autres espèces qui me sont inconnues. En cette fin d’après-midi, les premiers rayons du soleil traversent le feuillage et animent des fantômes dans la brume du sous-bois. Après les pluies diluviennes de la journée, les chouettes rayées se répondent. Elles sont probablement prêtes pour la chasse nocturne. Bonne nuit!
Épilogue
Des routes à n’en plus finir, des paysages grandioses, toujours changeants, un territoire quasi infini. Une nature tout aussi diversifiée: déserts, montagnes, canyons, plaines, rivières et fleuves majestueux. Quel Pays!
Quelques fois inhabité et aussi étourdissant, voilà cette démesure. Elle se manifeste aussi par les comportements de ses habitants, par leur utilisation démentielle de l’énergie et des ressources. Tout est «big», de l’assiette aux moyens de transport, jusqu’aux divertissements. La richesse explose, déborde des assiettes et des ceintures. Le pétrole coule à flots, avec des véhicules parfois disproportionnés, à des limites de vitesse de 120 kilomètres à l’heure! Tant qu’il y en aura, ça ira! Quand l’approvisionnement électrique de 50 ampères ne suffit pas sur le terrain de camping, la génératrice au diesel est mise à contribution. Là aussi, en pleine nature, les besoins sont extravagants!

Il y a aussi l'Amérique
des autres