Les années ’70…
Vous vous souvenez certainement des appareils photo dans lesquels on mettait une petite cassette de pellicule permettant de prendre 12, 20 ou 36 images?
On passait d’une image à l’autre en « crinquant » un petit levier.
Quand on était arrivé au bout du rouleau, on le rebobinait et on allait porter la précieuse cassette pour que nos images soient développées.
On attendait les résultats. À cette époque, la patience n’était pas une vertu mais une concession…
C’était le bon temps?
NON!
Personnellement, mes bons vieux équipements, même en excellent état, sont dans mon musée.
Sauf exceptions…
Les années ’70 marquent l’âge d’or de l’industrie de la photographie au Japon. Miranda, Canon, Nikon, Minolta, Pentax, Yashica, Olympus et plusieurs autres fabricants ont développé et produit des appareils et des objectifs de qualité. À des prix nettement concurrentiels et accessibles au grand public, ces produits ont inondé le marché mondial.
Certaines pièces d'équipement sont encore aujourd’hui utilisables et ont des qualités que les plus récentes «high-tech» n’ont plus.
Les objectifs…
Tout d’abord, je vais aborder ce sujet en faisant une analogie avec l’enregistrement et la reproduction de la musique: l’enregistrement digital sur CD qui a remplaçé l’enregistrement analogique des disques en vinyle. Selon les audiophiles, le disque compact digital a permis d’obtenir une plus grande précision (et facilité d’utilisation) mais au détriment de « l’ambiance » générale de la musique que le bon vieux disque de vinyle nous faisait mieux percevoir. C’est un peu la même chose pour les objectifs des appareils photo. On a développé depuis 30 ans des objectifs complexes, avec des formules optiques sophistiquées et des couches anti reflets remarquables, ce qui a amélioré la précision des détails mais souvent au détriment de l’harmonie de l’image. De plus, le développement de l’électronique a permis d’y ajouter des fonctions très intéressantes comme l’autofocus et l’anti-vibration.
Ces nouvelles découvertes ont aussi été mises au service de l’optimisation de la production dans le but de réduire les coûts de fabrication. Par exemple, les plastiques ont la plupart du temps remplacé le métal dans les mécanismes. Les verres moulés et même les plastiques moulés on souvent remplacés les verres meulés et polis qui constituent encore aujourd'hui le haut de gamme des éléments optiques.
Actuellement, pour avoir un objectif construit avec des matériaux durables et des lentilles de haute qualité, il faut un solide budget! Pourquoi ne pas essayer de trouver l’équivalent « vintage » pour environ 50$?
Trois conditions s’imposent:
1) Il faut posséder un appareil photo à objectifs interchangeables et se procurer un adaptateur pour fixer le vieil objectif sur votre appareil (environ 50$). Attention! La qualité peut varier. Vous aurez plus de renseignements à cette page:
2) Il faut être déterminé à faire la mise au point et à régler le diaphragme manuellement. Avec un peu d’entraînement, c’est facile pour la plupart des prises de vue. Dans certaines conditions, c'est même plus précis que les fonctions automatiques de l’appareil. Dans d’autres conditions (les objets qui se déplacent rapidement par exemple), ça peut devenir très difficile.
3) Il faut aussi contourner certaines lacunes de ces objectifs. Par exemple, il faut quelques fois éviter les ouvertures les plus grandes. Par exemple, un objectif de focale 50mm dont l’ouverture maximale est f1.4, donnera une qualité d’image optimale à partir de l'ouverture f2.8. Les ouvertures f1.4 et f2, sont moins précises et l’aberration chromatique (les franges de couleur pourpre et verte autour des zones de forts contrastes) est significative. Ce défaut peut toutefois être corrigé à l’aide d’un logiciel de traitement de l’image… Si ça vous intéresse.
Les résultats sont vraiment intéressants, notamment pour les portraits où la transition des zones claires aux zones floues est progressive et soyeuse, ce qui contribue énormément à mettre en évidence le sujet de façon naturelle.
En terminant, on peut encore remonter dans le temps…
Les Allemands ont été et sont toujours les maîtres de l’optique. Pensons à Leica et à Zeiss. Ils ont développé dans la première moitié du XXème siècle des formules optiques qui se sont imposées. Ils ont encore de beaux produits à offrir. Par exemple, une lentille Leica Summicron-M 50mm f2 se vend $2695 (dollars américains S.V.P). Avec la mise au point et le diaphragme manuel, on peut dire qu'il n’y a que le prix qui ne soit pas « vintage »!
L’objectif du centre de la photo précédente et celui de droite ont été fabriqués en Allemagne au début des années ’60. À 50$ pièce, je ne prétend pas qu’ils aient toutes les qualités de la Leica, mais ça se rapproche, surtout en ce qui concerne la construction et la texture de l’image.
Au début des années '50, les Japonais étaient prêts. Il se sont inspirés du savoir faire des Allemands. Ils ont développé de superbes objectifs comme celui qui figure sur la photo à gauche des deux objectifs allemands. Ce fut le début de l’essor extraordinaire de leur industrie dans le domaine de la photographie.
J'ai eu le plaisir de monter de temps en temps ces quelques vieux verres sur mon Nikon Z6 dont le capteur pleine grandeur correspond à ce qui avait été prévu pour ces objectifs. Je ne vous entretiendrai ici que des objectifs de focale 50 – 55 mm parce que j'ai eu l'occasion d'en essayer plusieurs. En effet, du fait qu'ils équipaient à l’origine les boîtiers, on les retrouve relativement facilement et à bon prix. Certains m'ont été données et je ne me souviens pas avoir payé plus de 60$ pour l'un d'eux. Étonnamment, il a été facile de trouver des exemplaires impeccables dont les verres étaient comme neufs. Vive les filtres qu'on y a vissé à l'achat et qui n'ont jamais été retirés!
J'ai mis de côté plusieurs objectifs et me suis fait une petite boîte bien spéciale pour prendre bien soin des trouvailles qui méritent de visiter la lumière de temps en temps, souvent même.
Vous pouvez consulter l’évaluation complète de ces verres à cette adresse:
Ces petits trésors méritent tous leur place dans la petite boîte. Ils sont tous précieux, ont très peu d'aberration chromatique et chacun a son « caractère », que ce soit au niveau des contrastes, du rendu des couleurs et du « bokeh ».
Mes préférences se basent sur la facture générale de l’image. C’est une appréciation très subjective. Bien oui! La photographie ne consiste pas à compter les pixels et analyser des graphiques!
Par exemple, la Schneider Kreuznach Retina Xenon est Idéale pour certaines utilisations plus « vintage », avec son « bokeh » en yeux de chat à f1.9
(Cliquer sur la photo pour l’obtenir en pleine résolution)
Aux environs de f2.8, le « bokeh » est également bien particulier.
J'ai toujours été ému du rendu des nuages. Ça me fait penser aux peintres hollandais : de la structure, du volume et de la subtilité dans les couleurs.
Il y a aussi les reflets parasites ou « flare », qu’on peut considérer comme un défaut optique. La Schneider Kreuznach Retina Xenon produit des reflets parasites caractéristiques qui peuvent produire un effet intéressant.
Globalement, l'objectif Carl Zeiss est peut-être le meilleur.
Et partage son rang avec le Canon qui est malheureusement passablement lourd. Son « bokeh » est le plus soyeux, agréable et met bien en évidence le sujet.
Et, pour revenir sur le thème du « bokeh » j'en profite pour vous montrer celui de ma précieuse Nikkor P. 8.5cm f2 avec ses 10 lames de diaphragme.
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Et de vous mentionner une autre "palme d’or", une pièce du début des années '60 que j'ai trouvée chez mon réparateur, M. Jacques Guyon : Extenar 50mm macro f2.8 dont voici quelques réalisations.
Pas pire pour une formule optique à 4 éléments datant de 1902! Et si on la combine à un diaphragme à 8 lames…
Tant qu'à y être, si vous trouvez une SMC Pentax 28mm f3.5, n'hésitez pas!